Rêves d'Occident

Dans La Tempête, Shakespeare raconte une journée de l’exil du magicien Prospero, duc de Milan déchu, avec sa fille Miranda sur une île déserte. La réécriture de Jean-Marie Piemme transforme cette tragédie en une pièce de théâtre épique qui s’étend sur une dizaine d’années. On y voit grandir le système de Prospero : de sa prise de pouvoir sur les insulaires jusqu’à ce qu’il soit chassé par ceux qu’il prétendait « civiliser ». On y voit grandir sa fille Miranda : de l’enfant amoureuse de son père jusqu’à l’ado révoltée qui rompt avec les mensonges paternels.

Avec ce conte théâtral, Jean Boillot poursuit sa recherche d’un théâtre à la fois épique et musical. Cette réécriture lui permet d’interroger avec légèreté la confrontation des cultures et la question grave de la filiation. Mais Rêves d’Occident est aussi une réflexion sur l’illusion politique et l’illusion théâtrale. Si la première abuse et manipule les hommes, la seconde ne se sert-elle pas du mensonge pour trouver une vérité et « explorer ensemble les possibles du monde » ?