Liliom

C’est une ‘caillera’, une ‘p’tite frappe’ mais il a un boulot : il est bonimenteur de foire. L’air de ne pas y toucher Liliom a ‘emballé’ sa Julie sur le manège de  Madame Muscat, qui ne l’a pas vu d’un bon œil et l’a viré. Julie, elle, est tombée amoureuse pour de vrai : elle ne retournera pas chez ses patrons où elle est bonne à tout faire. Ça lui tombe dessus, à ce vaurien frimeur, d’autant que la fille va bien vite tomber enceinte…

Même sur un champ de foire (dans un centre commercial ?!...) les rêves sont confisqués parce que d’emblée limités à ce que le cadre propose. Pourtant chez ces anti-héros la volonté de faire bien, de transcender leurs existences mutilées, le désir d’accéder à la dignité, l’énergie vitale sont mobilisés, avec ferveur et profondeur, et l’alchimie de l’amour – quoique maladroit et brutal – opère. Dans un monde où les stratégies de survie font fonction d’éthique, tout comme dans les palais des princes où la loi s’impose, surgissent parfois des passions élevées qui subliment ceux qui les éprouvent.

Avec Ferenc Molnár, l’auteur hongrois de cette pièce troublante écrite en 1909 – et dont Fritz Lang fit un film en 1934 – le metteur en scène bulgare Galin Stoev raconte une histoire au-delà du drame social et nous entraîne dans les contrées métaphysiques autant que poétiques du grand mystère de l’humain.